Le Shivering est un syndrome peu étudié et dont l’origine reste encore incertaine, il n’est cependant pas rare que l’ostéopathe observe des symptômes pouvant s’apparenter à cette pathologie au détour d’une consultation, et parfois, il s’agit d’une découverte pour le propriétaire de l’animal.
Que sait-on aujourd’hui sur le Shivering ?
Ce syndrome est défini comme un mouvement anormal à installation progressive, au cours duquel le membre pelvien (ou les deux) réalise une hyperflexion rapide et une abduction, associées à un tremblement des muscles et une élévation de la queue.
Cinq formes sont répertoriées :
Forme 1 : hyperflexion lors de la station debout ; on observe l’hyperflexion et l’abduction du membre lors de la préhension, aucune anomalie n’est observée au pas ou au reculer.
Forme 2 : Shivering avec hyperextension ; le cheval recule difficilement, avec une hyperextension des jarrets et des grassets et un manque de coordination, la prise des pieds est compliquée.
Forme 3 : Shivering avec hyperflexion ; le cheval recule avec une hyperflexion des membres pelviens et une abduction, le pas est normal, la prise des pieds peut être compliquée.
Forme 4 : Shivering avec hyperflexion lors du pas ; l’hyperflexion est observable dans le reculer et le pas sur quelques foulées, la prise des pieds est quasi impossible.
Forme 5 : Shivering des membres thoraciques ; cette forme aurait une origine différente, lorsque l’on demande un membre thoracique, le cheval s’oppose à la flexion du membre. S’il parvient à donner son pied, on observe une hyperflexion.
L’épidémiologie du Shivering est peu documentée, les hongres semblent plus touchés, ainsi que les chevaux de grande taille.
Des recherches utilisant l’électromyographie (mesure de l’activité des muscles biceps fémoral, vaste latéral, tenseur du fascia lata et extenseur long du doigt) ont mis en évidence un manque de coordination lors du recrutement des muscles extenseurs et fléchisseurs durant le reculer et lors de la prise des pieds.
L’étiologie de ce syndrome est encore sujette à discussion. Mais les dernières recherches tendent à s’orienter sur une origine au niveau du système nerveux central. La réalisation de l’autopsie de plusieurs chevaux atteints a mis en évidence une dégénérescence axonale des cellules de Purkinje du cervelet et une diminution de leur nombre. Ces cellules jouent un rôle fondamental dans le processus du contrôle moteur et la coordination des mouvements.
Le diagnostic est essentiellement clinique, sur l’observation des signes posturaux et locomoteurs, ceux-ci étant majorés à la sortie d’un endroit confiné, il peut être intéressant de réaliser l’examen à la sortie du box. L’ensemble des symptômes est également exacerbé par le stress et l’excitation. Les signes couramment décrits sont recherchés au niveau de la face (trémulations), au niveau de la queue (port de queue haut lors de l’hyperflexion des membres pelviens) et au niveau des masses musculaires de l’arrière-main (asymétries, amyotrophie, fasciculations ou hyperesthésie). Autre observation notable, les chevaux atteints de Shivering augmentent couramment la taille du polygone de sustentation. Lorsque la prise des membres est réalisée, il faut observer si le cheval est en difficulté, s’il se produit le tremblement caractéristique du syndrome ou si le cheval reprend le membre de manière exagérée. En observation dynamique, le reculer peut se révéler compliqué et mettre en évidence les mouvements d’hyperflexion et d’abduction.
Il n’existe pas de diagnostic vétérinaire de certitude, l’électromyographie qui permettrait de s’en approcher est difficile à mettre en place, les examens sanguins ne sont pas significatifs. Le diagnostic différentiel tient donc une place toute importante, le principal étant avec le Harper. L’examen locomoteur lors du Harper met en évidence une hyperflexion d’un ou des deux membres pelviens lors du reculer, au pas, au trot et parfois au galop, à priori sans port de queue haut, contrairement au Shivering.
L’évolution du syndrome est de type dégénératif, il n’existe à ce jour pas de traitement curatif. La vitesse d’aggravation des symptômes et leur intensité sont imprévisibles.
Il n’est pas rare que les propriétaires des chevaux concernés se tournent vers les médecines complémentaires. L’acupuncture ou la phytothérapie n’ont pas donné de résultat significatif, il est décrit toutefois que l’ostéopathie pourrait améliorer les manifestations cliniques…
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