Le bien-être des animaux domestiques progresse pas à pas dans notre société, grâce aux prises de conscience, aux avancées des neurosciences cognitives et à leur vulgarisation. Une partie croissante des propriétaires de nos patients canins est sensibilisée aux besoins fondamentaux propres à l’espèce et aux méthodes d’apprentissage. Petit à petit, le médical training fait son apparition dans les cabinets des ostéopathes. Quels en sont les principes et à quels bénéfices peut-on s’attendre en consultation ? Éléments de réponse dans cet article !
Médical training : de quoi s’agit-il ?
Littéralement « entraînement médical », tout est dans le nom : il s’agit de préparer son chien à recevoir des soins et à obtenir sa coopération durant ceux-ci. Il s’applique aussi bien aux basiques du quotidien (brossage, toilettage ou coupe des griffes…), qu’aux interventions plus intrusives, comme peut l’être vécue une consultation chez l’ostéopathe. Le médical training connaît un franc succès auprès des propriétaires de chiens, éducateurs et comportementalistes, qui prônent l’éducation positive.
Petit lexique d’éducation positive.
Les théories de l’apprentissage mettent en lumière les différentes voies par lesquelles l’animal produit certains comportements et en élimine d’autres. C’est un domaine des sciences cognitives riches en nuances, nous vous livrons ici un aperçu simplifié des basiques :
Apprentissage : modification durable d’un comportement lié à l’expérience vécue
Apprentissage non-associatif : augmentation ou diminution de la fréquence d’apparition d’un comportement suite à une exposition répétée au stimulus. C’est l’habituation ou son opposée, la sensibilisation.
Apprentissage associatif : il y a une association mentale entre un stimulus et la production d’un comportement.
Renforcement : événement qui augmente la probabilité d’apparition d’un comportement
Renforcement positif : le chien reçoit une récompense lorsqu’il produit le comportement désiré.
Renforcement négatif : le chien sort d’un inconfort lorsqu’il produit le comportement désiré.
Conditionnement opérant : c’est un apprentissage associatif qui utilise le renforcement. En éducation positive, la technique de base est celle-ci : le chien est conditionné à réaliser un comportement suite à la demande de son éducateur, ce dernier lui donne une friandise lorsqu’il obtient la bonne réponse.
Plusieurs axes d’entraînement
Le médical training repose sur plusieurs techniques d’apprentissage qui peuvent être utilisées séparément ou non, selon les objectifs personnels et le temps consacré à la pratique des exercices.
Quelques exemples :
En utilisant l’habituation, l’entraîneur habitue le chien à un geste, au départ potentiellement menaçant, jusqu’à ce qu’il n’engendre plus de réaction de peur. Pour préparer un travail sur le crâne par exemple, le chien peut être habitué à une prise de contact directe sur l’occiput.
Grâce au conditionnement opérant, l’éducateur peut apprendre au chien l’immobilité sur la table de consultation. En renforçant la bonne réponse, le chien fait une association positive. La position en décubitus latéral peut être assez anxiogène pour la plupart des chiens, sa préparation par conditionnement est intéressante.
Enfin, un niveau plus avancé du médical training correspond à l’apprentissage du consentement. Le chien a la possibilité de signifier la poursuite ou l’interruption d’une manipulation par un comportement, enseigné au préalable. Cette possibilité de choix peut, grâce à l’entraînement, tenir lieu de récompense par elle-même.
Des intérêts étudiés et probants.
Diminution du stress du patient :
Que ce soit dès son entrée en cabinet ou l’effet blouse blanche à la vue du praticien, la majorité des chiens présente des signes de stress lors des consultations. Le médical training a un effet apaisant, son utilisation est corrélée à une diminution des concentrations salivaires en cortisol, qui est un marqueur du stress de l’animal.
Amélioration de la qualité de la consultation :
Les hormones de stress ont des manifestations physiologiques qui modifient le comportement de l’animal, les tissus et par conséquent les barrières motrices. Le medical training permet au chien de rester relâché ce qui améliore la qualité des testings, l’écoute des tissus et la fiabilité du diagnostic ostéopathique.
L’implication du propriétaire et du thérapeute dans ce procédé sensibilise aux signaux d’apaisement du chien et la lecture de ceux-ci permet de s’adapter en conséquence pour créer une relation de confiance. Le risque d’accident est diminué.
Quelques inconvénients :
Le temps nécessaire à la mise en place de l’apprentissage demande un vrai investissement de la part du propriétaire du chien. De plus, il ne sera pas toujours en mesure d’assurer seul l’apprentissage correct, il sera parfois nécessaire de se faire accompagner par un éducateur ou de se former grâce aux nombreuses formations en ligne qui existent désormais.
La durée de la consultation peut être impactée au début du processus si le thérapeute prend le temps de travailler avec la coopération du chien. Cela dit, sur le long terme, le médical training permet globalement de gagner du temps grâce à la confiance instaurée.
Le médical training répond à une demande croissante des propriétaires d’animaux, soucieux d’assurer le bien-être de leur compagnon en toute circonstance. La démocratisation des théories de l’apprentissage et le développement de formations très accessibles en éducation positive sont à l’origine d’une vraie compétence chez les propriétaires de chiens. Il est temps que ce savoir-faire entre dans les écoles d’ostéopathie animalières et soit connues par les thérapeutes soucieux de tenir compte du confort de leur patient au cours des consultations.
© Équipe Kiwi ostéopathie
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