Si l’expression de la douleur chez les animaux peut être parfois d’une lecture évidente pour les humains qui les côtoient, dans d’autres cas, elle peut être subtile et plus difficile à repérer. À l’heure où la prise en compte du bien-être animal connaît une véritable prise de conscience dans la filière équine, penchons-nous sur les signaux émis par le cheval pour exprimer une douleur.
Retour aux origines : le cheval, animal proie
Animal proie, le cheval camoufle sa douleur pour des raisons de survie. En effet, à l’état naturel, un cheval qui exprime une douleur est un maillon faible du troupeau, qui peut mettre en danger le groupe et être repéré par un éventuel prédateur. Chez le cheval domestique, cet instinct peut rendre difficile pour l’œil humain de repérer des signes de douleur chez le cheval car ils sont peu perceptibles.
La douleur est une expérience sensorielle et/ou émotionnelle désagréable, qui engendre une modification du comportement de l’animal par réflexe de protection. Chaque individu y présente un seuil de tolérance propre, modulé par son tempérament, son caractère, son expérience. Par conséquent, plus le propriétaire connaît son animal et plus il lui sera facile de repérer des attitudes, des comportements anormaux qui pourraient l’alarmer.
Le début de l’enquête : la discussion avec le propriétaire
Lors d’une consultation ostéopathique, la première étape qui peut faire suspecter un phénomène douloureux chez son patient a lieu lors du recueil des informations, autrement dit, lors des commémoratifs. Des questions dirigées peuvent éclairer le praticien : y a-t-il un changement comportemental soudain chez le cheval, une diminution de la tolérance à l’effort, une apathie, l’observation de décubitus plus fréquents, le cheval gratte-t-il le sol fréquemment, …
Des indices peuvent être aussi fournis lors de la description de différents comportements suspects au travail : grincement de dents, fouaillements de queue, encensement, défenses diverses sur le plat ou à l’obstacle, … Autant de comportements qui peuvent paraître anodins au propriétaire car habituels mais qui sont importants et que le praticien doit garder en tête.
Passer au crible la posture et la locomotion
Les observations statiques et en dynamique peuvent révéler des signes probants de douleur, relatifs à une difficulté locomotrice, qu’elle soit d’origine musculo-squelettique ou viscérale. De l’irrégularité à la boiterie, en passant par la position antalgique en statique, une raideur dorsale, la perte du balancier d’encolure, … L’ostéopathe est formé pour avoir un regard aiguisé en la matière et repérer les zones figées qui peuvent évoquer un phénomène algique.
« Seuls les tissus savent », le palpatoire et les testings sont déterminants
Les mains de l’ostéopathe sont capables lors de la palpation de relever des tensions myofasciales, des points algiques, des zones dermiques qui sont le reflet de douleurs projetées…
Tout l’art de l’ostéopathie animale c’est aussi être capable de faire la part des choses entre douleur avérée et réaction comportementale acquise par conditionnement, puisque le patient ne parle pas ! La finesse du toucher et la lecture des signaux de communication permettent de discriminer les informations perçues et d’en tirer des conclusions précises.
Transmettre aux propriétaires la lecture des signes plus subtils
Les humains n’ont pas toujours une bonne lecture innée des expressions faciales discrètes de leurs animaux de compagnie. Il peut être intéressant d’évoquer certains éléments au propriétaire afin d’affuter son œil.
En voici une liste non exhaustive :
Des oreilles figées et tournées vers l’arrière
La fermeture des paupières qui peut donner l’impression que le cheval se repose, les yeux mi-clos,
Les muscles de la face sont contractés, des tensions sont visibles au niveau du menton et des lèvres
Les naseaux sont tendus et dilatés
L’observation du cheval peut révéler une posture figée, souvent la tête tournée vers un mur.
Il faudra toujours objectiver ces observables avec le palpatoire et les autres outils de la consultation, mais sensibiliser le propriétaire à une observation ciblée de son cheval permet de repérer les premiers signes d’inconfort et d’agir en conséquence, pour optimiser le bien-être de son cheval.
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