Dans la lignée de l’article précédent concernant le cheval, penchons-nous maintenant sur l’expression de la douleur chez le chien et les comportements canins qui peuvent alerter le propriétaire ou l’ostéopathe au cours de la consultation.
Notifier les changements de comportement brutaux au cours de l’anamnèse
Comme chez le cheval et les autres espèces animales, le seuil de tolérance à la douleur est propre à chaque individu. L’intensité de son extériorisation via le langage corporel ou la communication vocale varie selon la personnalité du chien et ses expériences passées. Le repérage des signaux de douleur par les propriétaires de l’animal ou son thérapeute est donc relativement fluctuant.
Cela dit, il est reconnu depuis de nombreuses années que des variations de comportement et les modifications soudaines d’attitude peuvent être des signes de douleur. C’est ainsi la notion de changement qui sera importante à notifier.
Lors de l’anamnèse réalisée par l’ostéopathe, il est par ailleurs fréquent que les propriétaires du chien réalisent qu’ils avaient en effet perçu un changement d’habitude chez leur chien sans pour autant l’avoir pris en compte consciemment. La précision des questions posées par le thérapeute revêt ainsi une grande importance.
Les domaines de vie affectés par les phénomènes douloureux
Les propriétaires des chiens observent et rapportent facilement une modification de comportement vis-à-vis de l’appétit du chien ou de la qualité de son sommeil, qui sont de bons indices lors d’une expertise relative aux phénomènes algiques. Ils ont parfois plus de difficultés à noter un changement de la position du chien lors de son sommeil, c’est un observable que le thérapeute a tout intérêt à suggérer. Difficile aussi de passer à côté des éventuelles vocalisations du chien comme les grognements ou les gémissements qui témoignent souvent d’un niveau de souffrance conséquent.
Plus encore que l’apparition de nouveaux comportements, la diminution - parfois subtile ou parfois évidente - de certaines actions est un bon indicateur de douleur potentielle. Parmi celles-ci, voici quelques domaines qui sont à explorer :
- Une diminution du temps et/ou de l’intensité des interactions avec les humains, qu’il s’agisse des propriétaires ou de visiteurs arrivants dans le foyer
- Une diminution de la tolérance à l'exercice, aux promenades, aux jeux
- Une diminution des interactions sociales avec les congénères canins
- Une baisse globale du niveau d’activité
Voici encore quelques questions classées selon différents domaines de vie qui permettent généralement d’éclaircir un éventuel contexte douloureux :
La vitalité globale du chien : le chien évolue-t-il avec énergie, plaisir et enthousiasme ou au contraire est-il apathique et léthargique ?
La mobilité du chien : le chien présente-t-il des raideurs, une boiterie, s’assoit-il et se couche-t-il facilement, saute-t-il avec aisance ?
L’humeur du chien : le chien semble-t-il triste, introverti, anxieux ou bien confiant, sociable et joyeux ? Présente-t-il des épisodes de comportements agressifs ?
Prudence sur l’interprétation des comportements du chien
Les études scientifiques ont permis de relier certains comportements à des phénomènes douloureux, alors qu’ils étaient souvent attribués à d’autres pathologies.
C’est le cas des « accidents » chez les vieux chiens, en effet, les cas de miction ou de défécation inappropriées dans la maison sont généralement attribués à une incontinence urinaire ou fécale. Or, il est décrit que dans la plupart des cas, le chien présente ces comportements en réponse à des phénomènes douloureux comme lors d'une maladie articulaire dégénérative par exemple.
De la même façon, les comportements de léchage, de mordillage ou de grattage réalisés de façon compulsive et pouvant conduire à l’automutilation, ont été mis en lien avec une douleur concomitante.
Ces différentes pistes devraient permettre d’aiguiser l’interrogatoire lors des consultations et d’apporter plus de vigilance et de lecture du comportement auprès des propriétaires.
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