Assurément il n’est pas donné à tout le monde de déchiffrer le compte-rendu de l’ostéopathe qui vient de réaliser la consultation de votre animal. Certes le schéma peut éclairer quelque peu, mais les termes qui s’en suivent peuvent dérouter voire laisser penser que votre animal présente des troubles irrécupérables tant leur nom est compliqué ! Tour d’horizon du langage alambiqué de l’ostéopathie.
Le BABA du compte-rendu
L’ostéopathe établit lors de la consultation une liste de dysfonctions ostéopathiques (DO) qui correspondent à des sites présentant un trouble dans leur(s) fonction(s), autrement dit un manque de mobilité. Ces sites peuvent correspondre à différents tissus. Les plus connus sont les articulations, les muscles ou encore les fascias. Mais l’ostéopathe peut être également amené à travailler sur un organe, une membrane cérébrale, un élément du système artério-veineux, lymphatique ou encore endocrinien… Finalement, selon ses méthodes de travail, votre praticien peut porter ses mains et son attention sur toute structure anatomique quelle qu’en soit sa densité, sa localisation ou le système physiologique dont elle relève.
Sudoku de biomécanique
Notre affaire se complique lorsque l’ostéopathe définit les paramètres de la dysfonction relevée. La position de la structure en restriction peut être décrite dans les trois plans de l’espace par différents langages, variables selon l’affinité du praticien avec certaines méthodes et selon sa formation initiale ; les paramètres utilisés diffèrent d’une école à l’autre.
Il existe cependant une nomenclature universelle qui est couramment utilisée et que vous pourrez lire sous forme d’acronymes tels que FRSD, NSRG, ERSD, etc. pour qualifier les vertèbres, tandis que les articulations des membres s’exprimeront en rotation interne/externe, abduction/adduction et flexion/extension. La position des organes quant à elle utilise des mots tels que crânial/caudal ou dorsal/ventral, latéral/médial.
Une déferlante de concepts ostéopathiques
Si tous les thérapeutes recherchent un fonctionnement harmonieux et fluide du corps, il y a autant de chemins pour y parvenir que de techniques manuelles et de concepts ostéopathiques différents. Et bien sûr, qui dit concept, dit nomenclature propre. Voici une liste non exhaustive de techniques et leur référentiel associé :
Approche tissulaire : la méthode tissulaire a été créée par M. Tricot, elle consiste en la libération de la structure en restriction par un déroulé de cycles successifs sous les mains de l’ostéopathe. Les paramètres qui qualifient le tissu en question sont la densité, la tension et la vitesse.
Approche crânio-sacrée : lors de cette technique, le praticien s’appuie sur le MRP ou mécanisme respiratoire primaire, qui correspond à un rythme particulier du corps prenant origine au niveau crânien notamment. Il exprimera des éventuelles variations de MRP en termes d’amplitude, de fréquence, de symétrie ou encore de synchronisme.
Concept de la FTM : littéralement Force de Traction Médullaire, cette approche ostéopathique développée par M. Chêne fait référence à la tension physiologique qui s’exprime le long de la moelle épinière. Elle pourra être qualifiée de faible, forte, élevée selon le ressenti du praticien.
Approche par les diaphragmes : les diaphragmes en ostéopathie sont des carrefours anatomiques qui concentrent plusieurs tissus différents, ce sont des sites stratégiques qui peuvent être le siège de tensions, de pressions, de blocages par répercutions des zones auxquelles ils sont associés. Il en existe cinq principaux : diaphragmes respiratoires, cervico-crânien, cervico-thoracique, pelvien et celui du petit bassin.
Ostéopathie fasciale : les fascias sont des tissus conjonctifs répartis partout dans le corps, qui font office de surface de glissement, de cloisons séparatrices, de moyens d’union, … Pour nommer une dysfonction fasciale, l’ostéopathe peut qualifier la tension ou la traction ressentie et lui attribuer une direction dans le corps : vers l’avant (crâniale), vers l’arrière (caudale), en interne (médiale), en externe (latérale).
Approche crânienne : l’ostéopathie crânienne a été mise en lumière par M. Sutherland. Elle s’attache particulièrement à décrire les mouvements de la SSB ou symphyse sphéno-basilaire, une articulation fibreuse au centre du crâne dont le bon fonctionnement régit l’ensemble des mouvements perceptibles par l’ostéopathe au niveau de la sphère crânienne. Plusieurs qualificatifs peuvent détailler une éventuelle dysfonction de SSB : flexion, extension, torsion, compression, strain ou encore SBR pour side-bending rotation.
Cet article pourrait être poursuivi longuement tant la philosophie de l’Ostéopathie est large et recouvre de nombreux domaines d’intervention. Nous espérons qu’il vous a permis d’y voir plus clair et que vous êtes maintenant apte à déchiffrer les grandes lignes du compte-rendu de consultation, voire à taquiner votre ostéopathe d’un « Pensez-vous que le SBR droit de la SSB puisse être à l’origine de l’asynchronisme cranio-sacré et élever la FTM ? »
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